Golf du Touquet

Heureusement, après d’importants travaux de restauration entrepris au milieu des années 2010 par les architectes Patrice Boissonnas et Frank Pont, l’authenticité du tracé souffle à nouveau dans ce coin sauvage de la cité balnéaire du Touquet-Paris-Plage, habituée aux bourdonnements distingués des vacanciers plutôt qu’aux vrombissements inaltérables des flots. Ce son, si caractéristique de l’aventure, accompagne les golfeurs dans une odyssée qui débute avec un premier triptyque du meilleur effet. Il est ponctué du magnifique par 3 du 2 de 198 m qui pourrait s’attribuer le titre envié de trou signature s’il n’arrivait pas trop tôt. Dévolu au 10, autre bijou traditionnel conçu comme un par 3 semi-aveugle, le lauréat précède un fantastique par 4 de 422 m en virage gauche qui, drivé des hauteurs, occasionne de grosses sensations qui se répètent sur les trous suivants du retour.

D’autres départs plus à plat nous plongent néanmoins dans l’ambiance traditionnelle des links avec un relief tourmenté, balloté ici et là par les buttes et les bunkers, circonscrit « en première lame » par un rough suffisamment inamical. En l’absence du vent – ce qui arrive peu souvent – le parcours reste redouté, même pour les joueurs plus confirmés. Théâtre à maintes reprises de l’Open de France – le dernier en date, en 1977, a vu la victoire du tout jeune Severiano Ballesteros – la Mer a occasionné plusieurs sueurs froides aux champions. Si l’on excepte un jour de grâce de 1976 quand l’Ecossais Sam Torrance établit en 63 le record du parcours, les professionnels ont eu souvent maille à partir avec un golf qui s’apprivoise sans devenir totalement familier, mais que l’on a toujours plaisir à redécouvrir. Le signe éloquent des grands parcours.

Preuve que le club, malgré les péripéties qui ont jalonné le XXe siècle, a toujours vécu dans l’excellence. Certes, La Forêt a été maintes fois remanié, subissant une accumulation de changements qui n’ont pas aidé à sa reconnaissance durant l’ère moderne. Fort heureusement, un travail long et minutieux entrepris au début des années 2000 par l’architecte Jean-Claude Cornillot, lui a rendu tout son intérêt grâce à des trous rallongés et modifiés à l’image des superbes trous 5 et 16 où les attaques de greens produisent leurs effets. Au 16 par exemple, un par 5 rectiligne de 454 mètres, le fairways se rétrécit à l’approche d’un green magnifiquement protégé et encerclé d’arbres, illustrant que le golf est un véritable écrin à découvrir.

Plat et d’une sobriété confondante, il traverse la pinède centenaire touquettoise, à l’ombre d’un soleil plus fréquent qu’on ne le croit et à l’abri d’un vent aussi présent qu’on le suppose.  Avec l’évolution du matériel moderne qui permet de taper toujours plus loin et plus fort, il s’adresse à tous les niveaux et demeure d’accès supposément facile bien qu’il accueille des greens plutôt petits et bien défendus. Les trois premiers trous entourent le parcours le plus populaire du club – le Manoir – un 9 trous d’aspect plus modeste et plus facile, qui s’adresse bien évidemment aux débutants et à l’école de golf.

Mais il n’est pas rare d’y voir aussi des joueurs ou joueuses confirmés qui partagent leur passion en famille avec leurs enfants. On constate ici que le golf est non seulement un sport de partage mais aussi de transmission ! La relève est donc prête à faire perdurer l’esprit d’un club authentique qui ne fait décidément pas l’âge de ses artères apaisantes et verdoyantes.